Tic tac, on the ground.
Tic tac, on the floor.
Burn.
Tout le monde dansait, tout le monde chantonnait et tout le monde se faisait la bise. Sauf
elle. Le peuple s'habillait de robes rouges, de costards soignés et de paillettes pour resplendir. Excluant
elle. Chaque famille possédait une dinde, des présents et de grosses familles pour le repas de Noël. Mais ce n'était
toujours pas le cas pour cette jeune enfant.
...Le petit appartement insalubre laissait flotter, sans problème, le tas de poussières que regorgeaient l'endroit. Un pain, un lait périmé et des pâtes au rendez-vous. La
pauvreté devait probablement être leur
entrepreneur. Mais la gaieté régnait en ces lieux, malgré le physique d'abandon dont faisait croire chaque pièce : exceptée une. Le couloir était long, mais étroit à la fois. Un flux d'énergie s'exclamait : des rires enfantins dépourvus d'une quelconque malice. L'aurore s'étendait contre le planché d'une certaine pièce. Une chambre. Un petit endroit pour ne pas affirmer tel que : compartiment. La peinture ne s'écaillait pas, le lit possédait un matelas et des couvertures neuves, mais un élément clé la différenciait des autres pièces malpropres : les rayons lumineux du lever du soleil, qui se laissaient filtrer à travers la fenêtre avec bienveillance.
Puis, de nombreux rires éclatant.
Mystère. La porte d'une garde-robe s'ouvrait sur une enfant jouant à cache-cache. Ce rire cristallin aurait pu devenir une musique à bien y penser. Une voix douce et si angélique.
La poésie recouvrait les étagères d'une petite bibliothèque pour enfant, puis suivie par des romans policiers pour enfin croiser ceux sur les croyances amérindiennes. Depuis ses huit ans, cet être curieux batifolait entre de nombreuses idées : celle de l'énergie invisible que déployait chaque animal et le fait que même les roches possédaient une âme.
On pouvait discerner un tas de pages s'écrasant dans un mouvement de 'flottement', vers le petit tapis orangé, -quelques pages de français et une autre de géographie provenant d'un recueil manquant une page- se laissaient à la vue de tous. La scolarité n'avait jamais vraiment été un épisode confortable pour cette enfant. Les amis débordaient, mais cela était très loin de lui plaire. Depuis toujours, celle-ci appréciait la solitude agrémentée d'un ami ou deux. Un petit moment seule avec elle-même ne pouvait pas lui apporter rien de mieux.
Un insecte se promenait, alors contre un cadre contenant une jolie photographie : paraissant plus vieille que celles accrochées dans le couloir menant à la chambre. Une femme, un enfant, un bout d'épaule et
rien. Une photographie en partie déchirée. Un élément manquant. Un bout d'épaule sans corps ni tête.
Un fantôme. Une personne que l'on avait déchirée facilement à contre-cœur pour effacer de lointains et difficiles -pour ne pas dire malsains- souvenirs noircis.
Une coulisse. Une coulisse de peinture noire menant jusqu'à la porte du placard renfermant de simples rires enjoués. Une porte autrefois ouverte et maintenant étrangement
fermée. Un cliquetis retentissait, alors que les courants d'air virevoltaient en cœur. Alors que l'insecte s'insérait dans un recoins de la porte... Le rire devint obscur. Un rire
dépourvu de
joie. Un ricanement
faux.
Triste ou
égaré. Non. Un rire
éteint.
La porte s'était mise à grincer.
BURNS
s'inscrivait malencontreusement d'une manière à ce qu'il y ait des coulisses ébènes sous chaque lettre inscrite en majuscule. Une autre photo résidait proche de cet inscrit : en partie abîmée par de lointaines flammes. La partie manquante. Un homme. Des yeux foncés, un teint blanchâtre maladif et un sourire s'étirant.
Aidan. Un faux père. Ceux que les enfants appellent '' papa '', malgré le fait que ça ne devait être qu'un beau-père auquel la gamine apportait confidence et affection. La mort se laissait voir sur ces bouts de papiers autrefois enflammée. Les flammes l'avaient dévoré. Une victime d'
incendie parmi tant d'autres. Une mort dont avait dû assistée cette jeune enfant vers sa douzième année.
Un mur blanchâtre et légèrement atteint par la corrosion. EPIDEMIC
s'était fait tracé en grosses lettres par les mains maladroites d'une jeune enfant. Un mot qui rappelle bien des souvenirs aux autres mômes de la ville :
la grippe H3N4.
2021. Le jour de l'anniversaire de son chien Mocha : un an plus tard, donc en 2022... sa mère, elle, avait succombée. Néanmoins, peut-être était-ce mieux... car désormais les adultes étaient traqués. La vie n'était qu'un fardeau où tous y passeraient.
Un rayonnement s'étendait contre le planché dans ce petit recoin dépourvu de fenêtre. En fait, un trou démolissait une partie du mur. La verdure offrait sa beauté aux yeux de tous. Mais, alors... d’où provenait ce rire enfantin ? Le placard était
désert.
L'enfant avait succombé à la nature. La nature, elle, accueillait ouvertement ce courageux corbeau noir. Malgré avoir tout perdu,
Raven battait toujours et encore des ailes.
Les plantes, les arbres : la forêt, lui avait apporté bienfaisance et paix. Un moyen de tout oublier.
Faire le vide. La population s'était forgée en ces lieux sauvages et elle y tenait tant.
Raven tenait à cœur de protéger sa nouvelle et seule famille. Plus rien n'allait lui enlever le nid qu'elle s'était elle-même forgée.
Assurance et force, le symbole du corbeau.