Je pensais juste à mon petit frère, ça me rend triste de l'avoir perdu. On était bien tous les deux et ça m'a rappelé les moments avec lui. Enfin ça m'arrive moins souvent que les cauchemars mais bon. C'est tout, c'est rien. T'inquiètes pas Hugo.
C'était sûr qu'elle pensait à lui. Je commençais à la connaître un peu la Jane. Elle s'inquiéta d'avoir gâché le moment. Quel moment? Notre moment? Genre... Vraiment? Elle était bien avec moi? Je ne savais pas trop quoi penser de cette déclaration. Genre... Je paniquais à l'idée de la décevoir, comme j'étais heureux de la rendre heureuse. Enfin. On se calme Hugo. Elle à juste dit qu'elle était “bien”.
-Ce n'est pas parce que tu as une baisse de moral que tu as gâché notre matinée. Ca arrive à tout le monde, surtout par les temps qui court. On est... On est que des enfants, après tout.
J'avais pris une voix rassurante, calme, posé. J'osais à peine accentué les aiguës de ma phrase. J'avais un peu l'impression de marcher sur des oeufs présentement. Et pourtant, pourtant je m'étais jamais senti aussi proche d'elle que dans ces moments-là.
-Tu sais ton frère, je suis sûr qu'il va bien, quelque part. Il nous attend et un jour on le retrouvera. D'ailleurs, je suis certain qu'un jour, plus aucune faction n'existera. On sera tous un seul et même clan. Fort, grand...
Ouais, là j'essayais peut-être de me rassurer un peu aussi. C'est vrai quoi, toutes ces histoires de guerres entrent nous, n'était-ce pas ridicule vu la situation? N'était-ce pas puéril d'aller tuer d'autres enfants, ou des adultes survivants? Je crois que même si je ne pouvais pas à moi seul changer les mentalités, les rêvés n'étaient pas mal non plus.
-On reconstruira le monde, ensemble. Et ton frère sera des notres.
Jane écoutait attentivement ce que disait Hugo. "On reconstruira le monde, ensemble". Comme c'était une jolie phrase. Jane priait pour que ça finisse par arriver. Son ami essayait vraiment de lui remonter le plaisir, c'était agréable. Jane se laissa persuader par ce que disait le garçon. Parce que c'était une possibilité, même si elle avait peu de chance de se produire. C'était vrai, l'histoire des enfants. Jane n'avait que 14 ans. Dans les films seuls les adultes survivaient. Ils s'en sortaient parce qu'ils étaient plus grands, plus matures, avec plus d’expérience.
- C'est vrai. Merci, merci d'être là, dit Jane. T'es pas obligé de me remonter le moral à chaque fois, même en pleine nuit. Moi je te rends jamais heureuse quand t'es triste, finit-elle dans un petit rire nerveux.
Si elle en avait eu le courage elle aurait sauté au cou d'Hugo pour lui faire un câlin de remerciement. Elle se contenta d'un petit sourire, et tenta de faire disparaître son air triste. Parler du futur ne lui réussissait pas tellement, elle en avait peur. Elle ne se voilait pas la face : comment allaient-ils survivre quand ils auront utilisé toutes les provisions qu'avait fait les humains maintenant décédés ? Peut-être que d'ici là les enfants auront trouvés une solution. Mais il y avait tellement d'interrogations, Jane était dépassée. - Tu veux grimper à un arbre ? demanda soudainement la jeune fille, désireuse de laisser sa tristesse derrière elle.
Elle s'approcha d'un arbre aux branches basses, et utilisa ses bras pour réussir à se hisser sur une branche puis à s'asseoir dessus. Elle observa Hugo, en se demandant s'il allait le suivre. Il avait une main abimée et était déjà tombé d'un toit aujourd'hui.
- C'est vrai. Merci, merci d'être là. T'es pas obligé de me remonter le moral à chaque fois, même en pleine nuit. Moi je te rends jamais heureux quand t'es triste.
« Bien sûr que si ! Ta simple présence me rend heureux, Jane. » … C'est ce que j'aurais dû lui dire. Mais je n'ai rien dit, je me suis contenté de sourire et de rougir, bêtement. Comment lui dire combien elle était importante pour moi ? Combien je sentais mes sentiments grandir à mesure que les jours passaient ?
-Tu veux grimper à un arbre ?
Je penchais une nouvelle fois la tête. Grimper à un arbre ? Je regardais Jane monté sur l'un d'eux et grimper un peu plus haut. D'habitude, j'aurais dit oui sans hésiter. Mais présentement, j'avais quand même un bandage. Ca risquais de casser si je montais trop haut. Je risquais même de tomber une nouvelle fois. Mais... J'étais jeune et stupide et l'envie de l'impressionner en grimpant était plus grand que ma peur de m'écraser au sol.
Alors je m'approchais de l'arbre en question pour y monter à mon tour. Grognant un peu sous la douleur, je rejoignais tout de même Jane sur sa branche.
Avec quelques rougeurs sur mon visage, je regardais le sol, balançant mes jambes au gré du vide.
-Qu'est-ce qui te fait croire que..Je suis pas heureux, avec toi ?
Je sentais l'air pesé de nouveau et par peur de soulever des questions dans la tête de Jane, je me reprit d'un air gêné.
Jane regarda Hugo monter à l'arbre après une petite hésitation. Il grogna discrètement, mais Jane le remarqua et grimaça. Ok en fait elle n'aurais pas dû lui proposer, maintenant elle se sentait mal. Elle le regarda se hisser à côté d'elle, et manque de sursauter quand il dérapa juste un tout petit peu. Il s'assit à côté d'elle, et il balança ses pieds. Jane fit de même, fixant les siens des yeux. Le panier était resté en bas, et la jeune fille se dit que les autres forestiers allez êtres vraiment heureux de recevoir des fruits après une longue journée de travail. Jane tourna la tête vers Hugo quand il parla, et sourit à ses paroles, les joues rosées. C'était vrai qu'elle n'avait jamais pensé qu'elle le rendait heureuse juste avec sa présence. Pourtant la présence d'Hugo la rendait heureuse, elle aussi. Il finit par rajouter "on est amis" et Jane arrêta d'hésitater, et passa son bras autour du cou d'Hugo, se rapprochant de lui, un grand sourire sur le visage.
- C'est vrai, on est ami, s'exclama-t-elle. Tu devrais même pas en douter.
C'était un geste qui montrait bien qu'il comptait pour elle. Elle n'avait jamais enlacé quelqu'un comme ça depuis l'épidémie. Avant c'était un geste normal, mais au fur et à mesure, ne pas le faire l'avait rendu spécial. Mais Hugo ne le savait pas et c'était mieux comme ça.
Mais qu...qu'est-ce qu'elle fait, là ? Qu'est-ce qu'elle fait ?! Non fait pas ça Jane... Ce sera trop dur de ne pas me faire d'illusions si tu te rapproches de moi comme ça. À quoi tu penses ? Qu'est-ce que signifie ce câlin ?
Je crois mon cœur ne s'était jamais autant emballer de ma vie. Je crois que j'avais recommencé à faire de l'apnée.
-C'est vrai, on est ami. Tu devrais même pas en douter.
Ouais. Voilà. Amis... Je n'avais pas dit ça en le pensant vraiment moi. Je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça. Enfin je supposes que c'est normal, je suis beaucoup trop naïf. L'espace d'un instant, je crois que j'y ai cru. Ouais, j'y ai vraiment cru ! … Espèce d'idiot... Comment crois tu pouvoirs plaire à une fille alors que tu es si... Tellement... Toi ? Moi...
Sans m'en rendre compte, j'avais commencé à doucement glisser du bord de la branche, pour finalement m'écraser au sol après quelques secondes de silence en intense réflexion.
Chute lourde. Malgré mon petit poids, je restais au sol quelques secondes, les yeux écarquiller de surprises. J'avais même pas remarqué ma chute, comment est-ce possible ? Je crois que je m'étais encore perdu, ailleurs, loin. Un jour, ça me tuera.
-Aïe.
Fut le seul mot qui avait réussit à sortir de ma bouche. Un Aïe grimaçant, douloureux, essoufflé. Heureusement qu'on n'était pas bien haut, encore une fois. Je me redressais, frottant ma tête avec un visage déformé par la douleur, une nouvelle fois.
Jane sentit Hugo glisser juste avant qu'il ne tombe. Elle poussa un crie, et resta figée, le regard sur le corps immobile d'Hugo. Oh mon dieu, pourquoi elle l'avait amené en haut ? Elle aurait du faire attention. Elle redescendit en sautant presque, très inquiète. Quand elle atterrit en bas il était debout, grimaçant.
- Ça va ? Hugo je suis désolée de t'avoir demandé de monter, désolée, répétait-elle, affolée.
Elle le regardait les yeux grands ouverts, brillants d'inquiétude. Elle lui tourna autour pour voir s'il n'avait rien de cassé, et finit par s'arrêter devant lui. Elle avait eu tellement peur qu'il se soit gravement blessé ! Il avait l'air plutôt en forme, si on pouvait ça après qu'il est fait une chute d'un arbre. Elle expira longuement pour se calmer. Mais aussi pourquoi il ne s'était pas tenu, il allait finir par lui faire faire une crise cardiaque. Elle aurait pas supporté qu'il se fasse mal par sa faute. Elle se sentait responsable de sa chute, et paniquait légèrement. Il passait encore un bon moment, et une fois encore ça c'était mal finit. Pourquoi la vie avait décidé d'être contre elle ? Quand elle fut certaine à 100% qu'il n'allait pas se vider de son sang, elle recommença à respirer normalement.
- Plus jamais tu me fais ça, j'aurais pas supporté de te perdre Hugo, le gronda-t-elle gentiment, un doigt pointé sur le torse du brun.
Elle exagérait peut-être un peu pour la petite chute qu'il avait fait, mais elle s'était réellement inquiété. Elle tenait à lui, c'était tout de même visible. Après la peur vint une sorte de colère du style "t'es méchant de m'avoir fait peur" et elle croisa les bras sur sa poitrine, la mine boudeuse. Son cœur commençait tout juste à se calmer, et ses esprits de se remettre en place.
- Ça va ? Hugo je suis désolée de t'avoir demandé de monter, désolée.
Je regardais la branche depuis laquelle j'étais tombé. Bof, pas grand mal à signaler, ce n'était vraiment pas haut. J'avais dû me cogner la tête au sol, d'où le léger étourdissement que j'avais.
-Ah, oui oui je vais bien!
Assurais-je lorsqu'elle commença à me tourner autour, sûrement pour être sûre que je ne mettais pas fait trop mal. Quand elle réalisais que je n'avais rien, je sentais comme une pointe d'accusation envers moi. Mais j'y suis pour rien moi si je suis autant maladroit et tête en l'air !
- Plus jamais tu me fais ça, j'aurais pas supporté de te perdre Hugo.
Je souriais bêtement, terriblement gêné par ce qu'il venais de se passer. Ouais, c'est sûr que si je m'étais fait plus mal que ça, elle aurait pas été embêté tiens. J'étais désolé de lui avoir causé tant de soucis. Je mettais mes deux mains en avant, face à elle et les secouaient.
-Il en faut plus pour me tuer...
Ouais. Enfin. Pas beaucoup plus en fait. Le calme retrouvé, je regardais le panier de fruits, mon estomac grinçant. Dieu que j'avais faim ! Il devait être midi maintenant. Il était grand temps de rentrer et d'aller manger avec les autres. Peut être même qu'on aurait droit à une tarte vu tous les fruits qu'on ramenait !
-Je crois qu'on devrait rentrer. Il se fait faim et ce serait bête que nos fruits pourrissent à cause de la chaleur, tu ne crois pas?
Jane finit par soupirer et décroiser les bras. Elle était légèrement comique dans cette position, les lèvres pincées. Hugo mit ses mains devant lui avant de les secouer, et Jane retrouva le sourire.
- Si tu le dis, je te crois alors, dit la jeune fille.
Hugo regarda le panier de fruit avec envie, et l'estomac de Jane se réveilla. Elle aussi avait faim finalement. Hugo lui faisait penser à autre chose, et elle avait complètement oublié que la Terre continuait de tourner. Elle alla prendre délicatement le panier, pour éviter de l'abîmer, et retourna près d'Hugo.
- C'est exacte. En route mon cher Hugo ! lança-t-elle, déjà en train d'avancer.
Finalement cette mâtiné avait été des plus originales. Et elle l'avait passé en très bonne compagnie. Hugo avait vraiment était adorable quand il lui a remonté le moral. C'était bien ce genre de personne dont la Terre manquait atrocement. Jane était donc ravi d'en avoir une comme ça à ses côtés. Passer son temps avec lui était agréable - sauf quand il tombait des arbres. Jane manqua de chuter à cause d'une racine, mais c'est dans la bonne humeur qu'Hugo et Jane rentrèrent au camp, le panier remplit de baies en main. Jane affichait un grand sourire, contente d'avoir pu aider les forestiers en passant du bon temps avec Hugo, autrement qu'en soignant.
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