Chad avait toujours aimé les écoles, même avant l’épidémie. C’était un lieu mystique où l’échange de connaissances était standardisé, donné au plus grand nombre même à ceux qui ne pourraient jamais comprendre la grandeur d’un tel savoir.  Bon, c’était aussi le lieu d’échange informel auquel il ne participait jamais, plus par manque d’intérêt que par timidité. En foulant les couloirs de l’établissement, il se rappelait qu’il passait le plus clair de son temps à la bibliothèque quand il n’allait pas simplement se prélasser dans un coin de la cour pour profiter du seul moment calme de la journée.

Il remonta la fermeture éclair de sa veste sombre, replaçant sa capuche et son sac militaire pour cacher son identité. Il avançait prudemment dans le bâtiment, sachant pertinemment qu’il ne serait pas seul sur le coup. L’école, c’était un endroit rêvé pour récupérer un peu de matériel, même si déjà de nombreuses chaises manquaient à l’appel. Soudain, il entendit un bruit qui l’obligea à se cacher dans une salle de classe déjà saccagée par le pillage. Il s’accroupit derrière le bureau, la main sur son pistolet. Il soupira.

Dommage, lui qui voulait absolument éviter les rencontres lors de sa recherche de livres intéressants. En plus il semblait que les pas se dirigeait vers  le couloir qu’il venait de traverser. L’adolescent réfléchit un instant. Le CDI était juste à côté et il n’avait pas envie de recommencer le trajet en passant par la fenêtre. Il était suffisamment équipé pour qu’en cas de conflits il s’en sorte sans trop de dégâts. Et puis peut-être que cette personne aurait quelque chose intéressant à lui raconter, s’il était digne de sa présence. Peut-être était-il trop optimiste, mais de toute façon l’intrus était entré dans la salle de classe. Il s’exclama donc avec une pointe d’amusement :

« C’est bon tu m’as vu, mais la peine de faire un … Eden ? »

Il était bouche bée. De toute les personnes qu’il pensait pouvoir rencontrer c’était bien la dernière personne qu’il espérait revoir, surtout vu la façon dont il s’était quitté. Autant jouer la carte de l’ignorance. Il afficha un sourire sincère, articulant avec beaucoup de chaleur.

« Cela fait un moment Eden, tu sembles bien te porter, j’en suis rassuré. Tu manges bien là où tu es ? Mais j’imagine que tu n’es pas ici pour la nourriture je me trompe ? »

De toute manière, il avait son couteau à disposition si cela tournait mal. Mais il était heureux de la voir en si bonne forme. Même si cela ne l’aiderait pas en cas de conflit.

En vrai, il ne savait pas comment décoder l’expression d’Eden. Il s’attendait à quelque chose de plus sauvage, de plus hostile. En même temps, il l’avait un peu planté sans aucun avertissement, il comparait son acte presque avec un lapin lors d’un premier rendez-vous. Avec le danger en plus, avouons-le. Il hocha simplement à l’entente du choix du lieu de leurs retrouvailles, avec un sourire qui cachait parfaitement l’inquiétude que pouvait lui procurer cette situation :

«  Parfaitement parfait, en effet. »

Mais devant la vue de cette bouteille d’eau, il ne put retenir un léger rictus. Cherchait-elle à l’empoisonner ? Son sourire semblait légèrement s’ébranler jusqu’à qu’elle trempe ses lèvres dans son breuvage, alors il put enfin se détendre. La solitude l’avait rendu légèrement parano il fallait croire.

Il s’installa lui-même sur le sol, face à elle, refusant d’un geste amical sa bouteille. Il se sentirait mal de lui prendre de l’eau en sachant que c’était denrée rares à leur époque. Et dire que quelques années plus tôt il en gâcher en prenant des douches milles fois trop longue. Cette pensée le fit rire intérieurement.

« Ecoute, on rêvait petit de partir à l’aventure pour chasser des pokémons et c’est un peu ce que je fais donc ça va ! Bon sans les pokémons mais c’est qu’un détail. Et je ne vais quand même pas voler ton stock même si c’est gentil de proposer. Oh d’ailleurs … »

Il fouilla rapidement dans son sac et il sortit un carnet épais sombre de ce dernier. Il n’avait aucune inscription dessus, mais on pouvait sentir par l’irrégularité de la tranche que Chad y avait beaucoup écrit. Il lui tendit l’objet non sans une aura de bienveillance.

[color:fd38=crimson« Ce sont mes recherches. Je ne sais pas si tu es seule maintenant ou pas, mais cela peut être utile tout de même. Je l’avais prévu si on se reverrait. Et ne t’inquiète pas, j’ai ma propre version. »

Ce carnet contenait toutes les données théoriques en survie. De la chasse, à la construction de cabane ainsi qu’à la répartition théorique des plantes de la région. Il n’avait pas pu encore tout tester, mais il savait qu’il y aurait quelque chose qui pourrait l’aider dedans. Son sourire devint un peu mélancolique, articulant avec peine.

« C’est aussi un cadeau d’excuse pour t’avoir laissée. »