Comme des milliers d'enfants, il l'a connu. Comme des milliers d'enfants, ses pieds sont venus se placer sur les rebords interdits l'amenant au danger. Encore une fois, Vanny jouant avec les restes de son humanité, dérivant entre ses jeux d'enfants et ses fausses responsabilités. Un, deux, puis trois pas sur le sentier. Cela fait si longtemps et pourtant il n'a pas oubliée… Quatre et cinq dans la cordée imaginaire. Vanny dévalant le sentier, Vanny s'aventurant dans ce qui était autrefois le connu oublierait presque sa naïveté. Mais il n'y a plus personne sur le tracé de la civilisation. Tous ont été perdus, amené bien loin par un autre chemin que lui-même n'ose connaître. Il est bien mieux ici, à attendre, encore, encore… Il a oublié quoi.
Dans ses bras s'enlace le plastique répondant à l'appel du jour. Ses rayons se glissent entre les branches, glisse sur sa chair pour lui rappeler la réalité des chaleurs d'été. Vanny en quête de fraîcheur, Vanny venu seulement pour sceller la précieuse eau des bouteilles bleutées. Pourtant, il a du oublier avec le reste.
Comme les simples fragments d'un visage endormie au fond de sa mémoire. Un, deux yeux et puis bientôt plus personne. Car ici seules le feuillage le visite encore, arpente sa rétine comme la trace du soleil sur sa vision. Déjà sans attendre, Vanny se veut fasciner, Vanny oublie encore, encore. Ses jeux ou bien les chansons poussées pour combattre l'appel de sa belle nature ne sauraient rivaliser. De là, il peut voir le bleu astre réservé à ceux qui n'auraient comme refuge les bras de la mère nature. De là, il peut voir la séparation de son rêve et de la réalité. Et quelques fois c'est aussi ici qu'ils viennent, eux. Ceux qu'on essaye de chasser, ceux qui tentent de les emporter sur ce même sentier qu'il a foulé de sa propre volonté. Il s'égare, Vanny. Il en a toujours été ainsi. Il aime ces branches indiscernables, indissociable et tout autant que ses pensées.
« Le chemin a disparu ! »
S'exclama l'adolescent soudainement, ne sachant que la seule chose qui aurait pu s'envoler n'était que sa propre mémoire. Oui, de là sur le chemin, Vanny éternel enfant ne pouvait plus discerner ses marques, celle qu'il voyait encore dans sa belle forêt. Celle qui le ramenait vers sa nouvelle maison, vers là où il attendrait le retour de ceux ayant trépassé sur le sentier. Et sans cette unique trace, ce seul repère dans cette carte inconnue, Vanny était perdu. Ou du moins il était évaporé sur son propre radar, devenu fantôme ne sachant trouver source.